« Dans
une décision historique rendue aujourd'hui, la Cour d'appel de Paris a
estimé que les contrôles d'identité discriminatoires sont illégaux -
même lorsqu'ils sont menés poliment. La Cour d'appel a constaté une
violation dans 5 des 13 cas jugés en appel.
Dans
son jugement, la Cour souligne que l'État français a l'obligation de
prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir la discrimination,
devoir auquel il a manqué. Elle note en particulier que l'absence de
toute trace des contrôles d'identité effectués prive les victimes de la
possibilité de déposer un recours effectif en cas de discrimination ou
d'abus.
La
Cour a également souligné qu'il est du rôle du juge de veiller à ce que
les contrôles effectués soient fondés sur des raisons objectives.
Suite
à cette décision, l'Etat français devra modifier le cadre juridique
régissant les contrôles d'identité, afin que les contrôles ne puissent
être effectués que sur la base de motifs objectifs et individuels, et
fournir aux personnes contrôlées un récépissé qui précise les motifs du
contrôle.
Malgré
cette victoire dans 5 affaires, les 8 autres décisions négatives n’en
restent pas moins préoccupantes. La Cour estime qu'il n'y a pas de
violation dans les cas qui ont eu lieu dans les banlieues pauvres, même
si la police n’avait aucune raison objective de contrôler ces personnes.
La Cour indique explicitement que le comportement des requérants ne
serait pas considéré suspect ailleurs, mais qu’il l’est dans ces
endroits « dangereux ». Cela crée un système judiciaire « à deux
vitesses », l'un pour les banlieues pauvres considérées comme des
« zones sensibles » et l’autre pour les autres parties du
territoire. Cette décision fait également reposer une charge excessive
sur les personnes contrôlées, qui doivent apporter elles-mêmes la preuve
d'un motif discriminatoire, échouant ainsi à appliquer pleinement le
principe de non-discrimination que la Cour reconnaît par ailleurs dans
sa décision. »
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