C'est la première fois que des personnes victimes de contrôles au faciès saisissent la justice française. Dans cette procédure, elles veulent rendre l’État responsable des actes de ses agents qui violent des principes de droits fondamentaux, tels que la non-discrimination, la liberté de circulation, le droit à la sureté et à la protection de la vie privée. Des millions de personnes sont contrôlées chaque année sur la base de ce qu’ils sont plutôt que de ce qu’ils font. A ce jour, le contrôle d'identité reste le seul acte judiciaire qui ne laisse aucune trace écrite et demeure à la seule discrétion des forces de l'ordre.
Un déni du droit européen :
Ce procès s’appuie sur des normes constitutionnelles, européennes et internationales pour demander à l’Etat de justifier des contrôles faits par ses agents et de réparer le préjudice moral subi. Une condamnation obligerait
l’Etat à mettre en place des mesures afin de contrôler l’utilisation de
ses pouvoirs et d’assurer que les dérives ne se produisent pas. Si
l’Etat refusait de le faire, il s’exposerait à une multiplication de procédures similaires dont il devrait répondre devant les tribunaux nationaux et internationaux.
Des citoyens de seconde zone :
Ce procès est aussi un pied de nez à l'acceptation d'une discrimination à la citoyenneté. Personne ne devraient plus se résigner à subir ces pratiques vexatoires, dégradantes ou humiliantes.
Accepter cet ordre des choses c'est accepter ces inégalités et
légitimer l’existence de citoyens de seconde zone. Ce recours, en cas de
victoire, permettrait de se faire entendre et de faire valoir sa
dignité sans se mettre en danger. Il représente un refus d'accepter
comme normal que certaines personnes soient régulièrement désignées
comme suspectes par les forces de l'ordre du fait de leur simple
apparence.
La traçabilité des contrôles :
Dans
cette procédure, les demandeurs apportent les éléments laissant
présumer qu’ils ont été victimes des contrôles discriminatoires. Afin de
démontrer que ces contrôles ne l'étaient pas, l'Etat
devrait démontrer qu'ils sont justifiés par des éléments objectifs,
étrangers à toute discrimination. Or les services du Ministère ne
sont pas en capacité de connaître ces motifs. Dans la pratique, ces
motifs ne sont consignés nulle part, et il n’est pas demandé aux agents
de police de s’en justifier, ni même de les connaître eux-mêmes... De
toute évidence, les contrôles échappent totalement au contrôle de la hiérarchie policière. Sans régler cette lacune, la hiérarchie policière
ne sera pas en mesure de mettre en place les mesures nécessaires pour prévenir ou sanctionner les dérives. Et donc l'Etat continuera à violer ses
obligations de prévenir la discrimination.
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